La féminité plurielle
Chaque année, 1,6 millions de femmes dans le monde apprennent qu’elles sont touchées par un cancer. L’annonce du diagnostic est un traumatisme violent, le mot « cancer » faisant peur, à juste titre. C’est le début d’une bataille à laquelle personne ne peut nous préparer, qui même si l’on a la chance d’être entourée, nous poussera dans nos retranchements les plus intimes, remettant en question les fondamentaux qui nous constituent.
Si les traitements sont nécessaires et incontournables, la crainte de leurs effets secondaires constitue une difficulté supplémentaire à surmonter. Leur impact sur notre corps déjà meurtri nous rend encore plus vulnérable. Le cancer touche directement à notre féminité. Du moins ce que nous pensions être indispensable pour se sentir femme, être femme dans notre société.
Dans mon combat contre la maladie, l’agressivité des traitements pour lutter contre les cellules cancéreuses malmenait mon apparence corporelle, me dépossédant de mes cheveux, de mes cils, de mes sourcils, sans parler de ma poitrine. Je fuyais la salle de bain, jusqu’alors un lieu de plaisir et un moment de détente. Elle est devenue un lieu de souffrance, où l’idée d’y croiser mon reflet dans le miroir me paralysait. Outre les douleurs physiques, cette image de moi, altérée, me plongeait dans une grande détresse et me coupait du monde, redoutant le regard des autres, même et surtout celui de mon entourage.
Ne me reconnaissant plus, comment pouvais-je me présenter, me définir ? Etais-je toujours une femme, une « vraie » ? Comment cela pouvait être possible, dépossédée de tout, du moins ce que je croyais être essentiel pour être femme ?
Je me suis longuement interrogée sur le sujet, à partir de mon expérience personnelle mais aussi, en partageant avec d’autres femmes ayant traversé l’épreuve de la maladie.
Comment conserver sa féminité lorsque le corps est abîmé ? Comment retrouver l’envie de retourner dans la salle de bain ? Comment prendre soin de soi, se faire du bien ? Comment retrouver l’estime de soi et accepter le regard sur soi ?
Mes produits de beauté habituels ne convenaient plus à mes besoins particuliers, à ma peau fragilisée, à mon odorat exacerbé, à mes cicatrices à vif.
Face à un vide que je considérais inacceptable au regard du nombre de femmes concernées et à l’importance de ces gestes de réconfort dans cette bataille, j’ai décidé de créer une gamme de cosmétiques pour nous aider à prendre soin de nous, à continuer malgré tout, à nous sentir femmes.
L’adversité m’a permis de recentrer les choses mais jamais de renoncer à être femme, à le revendiquer plus haut et fort que jamais. L’adversité m’a appris à aimer mon corps, à le chérir plus encore. Ma beauté n’est certainement pas celle des papiers glacés. Encore que, les choses changent, le monde change et ce grâce à nous toutes qui montrons que la féminité n’est pas un carcan, une question de normes mais une force de vie incroyable qui nous permet de déplacer des montagnes, d’affronter les épreuves les plus difficiles, de croire à l’impossible et de le réaliser.
Ce n’est pas anodin de rappeler qu’il n’existe pas UNE féminité, mais DES féminités qui s’expriment différemment, et que chacune d’entre nous en est la plus belle incarnation.
Depuis le début de cette aventure OZALYS, car c’en est une vraiment, j’ai l’immense chance de rencontrer tous les jours des femmes sensibles, combatives, coquettes, drôles, conquérantes, généreuses, intelligentes, émouvantes, qui ont toutes une idée bien à elles de ce qu’est être une femme mais avec le même point commun, la volonté de profiter pleinement de chaque instant de la vie car elles en connaissent le prix.