Cancer du sein : Mieux appréhender la chirurgie
“ A 14 heures, je rentre en clinique. On me prépare pour l’intervention qui doit avoir lieu le lendemain matin … la panique m’envahit, je ne suis pas prête, je ne veux pas aller au bloc.” (extrait de Combattante,)
La chirurgie est l’un des piliers du traitement du cancer du sein, mais rien que l’évocation de ce mot nous envahit très vite d’un sentiment d’angoisse et d’appréhension.
Le sein est un symbole de féminité, de séduction, de plaisir, de maternité …
Cette chirurgie va-t-elle porter atteinte à ma féminité? Serais-je toujours désirable pour l’être aimé? Quelles seront les répercussions dans mon quotidien, temporaires ou pour toujours? Le chirurgien va-t-il réussir à éliminer la tumeur?
Je vous livre, à travers cet article, quelques informations, qui, je l’espère vous permettront d’appréhender au mieux cette étape de la chirurgie.
Les chirurgies curatives du cancer du sein
En France, le protocole de soins est défini en Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP). Plusieurs chirurgiens, radiologues, oncologues, radiothérapeutes y participent. Une vraie évolution qui vous assure d’avoir le traitement le plus adapté à votre cas. Décrites dans l’article D. 6124-131 du Code de la santé publique, les RCP sont obligatoires pour tous les patients en oncologie, comme le préconise le plan cancer de 2003. (+lien HAS santé)
La chirurgie a pour objectif d’enlever les tissus touchés par les cellules cancéreuses. Si elle est souvent la première étape du traitement, elle est désormais parfois réalisée après un traitement qui aura pour but de réduire la tumeur et faciliter l’opération chirurgicale. Le traitement sera alors dit néo-adjuvant.
Le type de chirurgie va dépendre de la taille et de l’emplacement de votre tumeur, de la taille de votre sein, de la propagation ou non du cancer aux ganglions lymphatiques et de tout autre traitement que vous avez déjà reçu.
Selon votre centre de soin et votre choix personnel, la chirurgie peut être effectuée en hospitalisation classique ou en ambulatoire. La chirurgie ambulatoire est un mode de prise en charge permettant de raccourcir à une seule journée votre hospitalisation, vous rentrez donc le matin pour être opérée le jour même et ressortir le soir.
-La tumorectomie ou mastectomie partielle
La tumorectomie, également appelée chirurgie mammaire conservatrice, permet de garder ou conserver, la plus grande partie possible de votre sein.
Ce type d’intervention est possible si le chirurgien est en mesure d’enlever la tumeur ainsi qu’une marge de tissu sain, et ce, sans danger tout en conservant suffisamment de tissu pour que le sein reste naturel.
Le chirurgien sénologue spécialisé dispose de différentes techniques opératoires, choix d’incisions en fonction de la localisation de la tumeur, de la taille du sein pour essayer de préserver au mieux la forme et le résultat esthétique du sein opéré.
A la suite de l’intervention, l’équipe de soins envoie le tissu mammaire au laboratoire pour un examen. S’il n’y a aucune cellule cancéreuse dans les bords du tissu prélevé, on dit que les marges sont saines, ou négatives.
Si on observe des cellules cancéreuses dans les bords du tissu prélevé, on dit que les marges sont positives. Le chirurgien proposera donc une nouvelle intervention chirurgicale pour retirer davantage de tissu et éviter la formation d’une nouvelle tumeur.
-La mastectomie totale
La mastectomie, ou chirurgie non conservatrice, consiste à retirer la totalité du sein y compris le plus souvent l’aréole et le mamelon. Dans ce cas, différentes techniques de reconstruction du sein pourront vous être proposées (immédiates ou secondaires), je vous en parlerai, dans un prochain article.
-L’exploration des ganglions axillaires : Ganglion sentinelle et/ou curage axillaire
Dans le cadre du processus de stadification du cancer du sein, le chirurgien enlève les ganglions lymphatiques qui drainent la tumeur et seront analysés afin de savoir s’ils sont atteints ou pas par le cancer.
En fonction de la situation, deux techniques peuvent être employées :
-La technique du ganglion sentinelle
est réalisée au cours de l’opération du sein. Le ganglion sentinelle est le premier ganglion lymphatique d’une chaîne ou d’un groupe ganglionnaire qui reçoit la lymphe provenant de la région qui entoure la tumeur.
Le chirurgien enlève donc ce ganglion comme un « filtre » afin de savoir s’il est atteint par le cancer. S’il révèle des cellules cancéreuses, dans certains cas, une nouvelle chirurgie s’impose : le curage axillaire.
Plusieurs techniques sont possibles avec injection avant l’intervention soit d’un isotope (injecté en médecine nucléaire), soit d’un colorant bleu, soit les deux (méthode combinée) ou plus récemment d’un colorant au vert d’Indocyanine pour une technique d’immunofluorescence.
La technique du ganglion sentinelle est devenue la référence permettant d’éviter un curage axillaire dans plus de 80% des cas.
-Le « curage axillaire »
consiste à retirer tous les ganglions lymphatiques de l’aisselle afin d’éliminer toute possibilité de propagation des cellules cancéreuses et de réduire le risque de récidive.
Il reste nécessaire pour certaines tumeurs avancées ou lorsque les ganglions sont envahis.
Selon votre situation, le curage axillaire peut également être réalisé en première intention. (sans passer par l’étape du ganglion sentinelle)
La chirurgie du cancer du sein, et après ?
-Les suites postopératoires
-Lors de votre intervention chirurgicale, un drain (petit tuyau très fin en plastique ou en caoutchouc) peut parfois être mis en place. Il va permettre d’évacuer les liquides (sang, lymphe) qui peuvent s’accumuler au cours de la cicatrisation.
Ce drain n’est pas douloureux, mais il faudra le conserver parfois pendant quelques jours. Il est fréquent de rentrer avec à votre domicile, ce sont alors les infirmières libérales qui prendront le relais pour le surveiller et le retirer.
-Comme après toute intervention chirurgicale, des douleurs sont fréquentes dans la zone opérée, elles seront traitées par l’équipe soignante qui vous proposera un traitement adapté. Pour limiter ces douleurs, les équipes entraînées proposent le plus souvent un complément d’anesthésie locale par infiltration écho guidée pré opératoire ( bloc).
-Un hématome local peut également se former, mais il se résorbe souvent de lui-même en quelques jours. Dans le cas contraire, si l’hématome est important ou si une collection de lymphe existe, une ponction (sans douleur) peut être réalisée.
– Enfin, pour éviter une phlébite (présence d’un caillot de sang se formant dans une veine), le port de bas de contention est préconisé pendant plusieurs jours après l’intervention chirurgicale. Il est aussi conseillé de vous lever et de bouger assez rapidement.
Les suites post opératoires de la chirurgie sont différentes d’une personne à l’autre.
-Les répercussions physiques
-A la suite de votre intervention chirurgicale, la fatigue est normale. Elle est due notamment à l’anesthésie générale, aux pertes de sang ou encore à l’anxiété générée par l’opération. Elle peut durer quelques jours, mais, si elle perdure, elle ne doit pas être banalisée, je vous invite à le signaler à votre équipe soignante,
– Après une chirurgie du sein, une douleur, une raideur de l’épaule ou du bras, ainsi qu’une diminution de la force musculaire sont fréquentes. Vous pouvez ressentir des difficultés à bouger le bras ou l’épaule, des troubles de la sensibilité, une sensation de brûlure ou de picotement. Dans la majorité des cas, la limitation du mouvement est passagère.
Dès le lendemain de votre intervention, une kinésithérapeute pourra surveiller les suites post-opératoire et vous proposer de petits exercices simples de mouvements du bras, que vous pourrez ensuite pratiquer, seule, progressivement et quotidiennement.
-En cas de curage axillaire, le plus connu des effets secondaires est le lymphœdème du membre supérieur, c’est un gonflement provoqué par le ralentissement ou le blocage de la circulation de la lymphe. La lymphe ne circulant plus correctement, elle s’accumule parfois dans la peau du bras du côté du sein opéré et peut entraîner une augmentation de son volume, d’où son nom de « gros bras ».
Un lymphœdème peut se manifester quelques semaines après le curage axillaire, des mois, voire plusieurs années plus tard, ou jamais. C’est pourquoi vous devez rester vigilante et à « l’écoute » de votre bras.
-Après une chirurgie du sein, et notamment lors d’un curage axillaire, vous pouvez sentir comme une fine corde sous votre peau. Il s’agit d’une corde axillaire (ou bride). Différente du lymphœdème , elle est plutôt ressentie comme une forte tension.
C’est votre système lymphatique qui s’emballe et se durcit, rendant le vaisseau lymphatique palpable ou visible, tendu comme une corde de guitare. Ces cordes se situent généralement au niveau de la racine du bras, de l’aisselle, et peuvent se prolonger vers le coude et l’avant-bras. Des mouvements spécifiques et la rééducation permettront une récupération complète.
-D’autres conséquences physiques de la chirurgie peuvent être gênantes : la mastectomie peut entraîner un déséquilibre pondéral qui impacte les muscles au niveau du cou ou du dos.
-Les conséquences esthétiques et psychologiques
Avoir un cancer et recevoir des traitements n’est pas seulement un défi pour le corps, c’est aussi une épreuve psychologique et émotionnelle.
Ré apprivoiser son image corporelle après une chirurgie du sein est difficile, nous pouvons parfois ressentir un sentiment de dégoût face à une nouvelle apparence, une perte de l’estime de soi.
Pour celles qui ont bénéficié d’une chirurgie conservatrice, le sein est légèrement différent, il peut-être plus petit, plus ferme. La cicatrice ou la forme du sein peuvent sembler disgracieuses, mais les cicatrices finissent par s’estomper.
Pour celles qui ont subi une mastectomie, l’acceptation de l’image de soi est encore plus difficile et vient questionner leur féminité, leur vie intime…
L’importance de prendre soin de soi après la chirurgie
– un suivi en kinésithérapie spécialisée
Après votre intervention chirurgicale, votre corps va peu à peu récupérer sa mobilité et sa souplesse pour accomplir les gestes de la vie courante. Vous pourrez aussi, reprendre une pratique sportive. Ceci n’est qu’une question de temps.
Pour récupérer plus facilement et éviter les risques de diminution de l’amplitude des mouvements, une prise en charge en kinésithérapie est particulièrement indiquée, notamment lorsqu’un curage axillaire a été réalisé.
Pour trouver un-e Kiné spécialisé-e spécifiquement en sénologie, je vous invite à consulter le site du Réseau des Kinés du Sein.
Dorothée Delecour, présidente du Rks : “La prise en charge lors d’ un cancer du sein est complexe, tant psychologiquement que techniquement. Elle nécessite de connaître les différentes techniques de chirurgies curatives et réparatrices, ainsi que les effets secondaires des traitements, chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie. C’est un véritable travail d’accompagnement, un travail tissulaire et de rééducation globale, incluant le rachis cervical, le complexe de l’épaule, le diaphragme, le thorax dans son ensemble ainsi que le rachis et sa posture dans son ensemble. Nous prenons ainsi en charge : Les cicatrices, Les douleurs, Les œdèmes, Les lymphocèles, Les raideurs d’épaule, Les cordes axillaires, Les fibroses, Les postures, Le travail pré et postopératoire de chirurgie de reconstruction, La proprioception corporelle”
– chouchouter son bras
Il est important de surveiller votre bras, dont vous êtes la première à pouvoir évaluer et ressentir les modifications mêmes minimes.
Mon bras, celui qui était proche du sein opéré, me faisait atrocement souffrir. Je ne pouvais ni bouger, ni enfiler un gilet, ni tenir un couteau, ni conduire.
C’est de mon expérience de la maladie que la gamme de soins Ozalys est née. Ainsi, notre brume hydratante est adaptée pour vous faciliter son utilisation au quotidien. Sa texture non collante et non grasse facilite une pénétration sans massage, son tube simple d’utilisation fonctionne à 360 degré pour pallier le simple geste du lever de bras qui, je le sais que trop bien, peut devenir un défi de tous les jours.
Ainsi, à travers un certain nombre de précautions et de règles d’hygiène de vie, il est possible de prendre soin de votre bras et de prévenir le risque de lymphoedème (surtout après un curage complet):
–Protéger votre bras et votre main des blessures (coupures, égratignures, ecchymoses, brûlures) par le port de gants de caoutchouc pour la cuisine, le jardinage, les travaux ménagers.
–Laver et désinfecter les blessures, même minimes, au niveau du membre (épaule, creux de l’aisselle, bras).
-Éviter de prendre la tension artérielle ou de faire des prises de sang du côté opéré.
–Éviter de porter des charges lourdes avec le bras affecté, et privilégier l’utilisation de l’autre bras.
Bouger le bras en suivant les recommandations du kinésithérapeute afin de stimuler le drainage de la lymphe.
-Reprendre le sport progressivement
-Ne portez ni vêtements, ni accessoires trop serrés pour éviter un effet garrot.
– En cas de longue distance en avion, il est parfois préférable de porter un manchon de contention. Les manchons sont des vêtements compressifs prescrits après un curage axillaire, pour limiter la progression ou le risque de lymphoedème. Leur achat doit être accompagné de conseils avisés, dans une officine spécialisée, avec une prise de mesures, pour que le produit convienne parfaitement à votre bras et votre situation.
– renouer avec l’estime de soi
Face au changement corporel lié à la chirurgie (et aux traitements), il est difficile d’accepter et d’apprivoiser notre corps malmené/mutilé, ce n’est pas simple de “réapprendre” le contact avec ce corps si différent . Il n’est pas rare de ne plus supporter d’être touchée, ou même seulement regardée.
La vie de couple, l’estime de soi, l’image corporelle, la confiance, beaucoup de changements et de questionnements accompagnent la vie après une chirurgie du sein.
Les soins de supports, et notamment les soins esthétiques peuvent être une manière de se reconnecter à soi, de réapprendre à prendre soin de soi.
Depuis la création de la gamme de soins professionnelle Ozalys , j’ai eu le plaisir de rencontrer de nombreuses praticiennes (esthéticiennes et socio-esthéticiennes) engagées auprès des femmes touchées par le cancer.
Leurs soins constituent des moments de détente précieux, qui vous apporteront douceur, réconfort, et vous permettront de réapprendre à être touchée, à renouer avec votre corps et à réinvestir votre féminité fragilisée.
POUR CONCLURE
La chirurgie est une étape délicate du parcours de soins, qui vient directement toucher notre féminité et bouleverser notre image corporelle et l’estime de soi.
Pour vous soutenir sur ce chemin de réconciliation avec vous-même, je suis heureuse de vous apporter, à mon échelle, la possibilité de prendre soin de vous et de retrouver le chemin de votre salle de bain en toute sérénité.