Combattante – LA CHIMIOTHÉRAPIE
Le protocole de traitements est si lourd, la chimiothérapie si écrasante, que mon corps me semble partir en lambeaux. Les nausées, les douleurs osseuses et musculaires et la perte des cheveux n’étaient qu’un début.
Un matin, ce sont les ongles qui partent, alors que je m’efforce d’ouvrir un flacon de gel douche ou de fermer mon jean. Un ongle qui s’arrache ne cicatrise pas, la plaie reste à vif et fait naître une douleur incessante. Je mets des pansements et du scotch autour.
Dans ma bouche, j’ai tellement d’aphtes que je ne peux plus rien avaler. Je n’ai plus de salive, mes lèvres se fendillent et me brûlent au point que parler devient difficile. Cette infection, qu’on appelle la mucite, m’empêche souvent de manger. La seule chose que je peux ingurgiter, avec une grande difficulté, ce sont quelques coquillettes, elles ont un goût de fer rouillé, tout a le goût de fer.
Le brossage des dents est difficile, le dentifrice me brûle ou me donne mal au cœur.
Je me rends compte que ma salle de bains est envahie de produits onéreux dont je ne peux pas me servir car aucun ne me fait de bien. Et plus j’en achète, moins ils me conviennent. Les bains de bouche qu’on m’a prescrits sont dans de grands bocaux en verre, difficiles à manipuler. Je les fais régulièrement tomber par terre, car mes mains n’ont plus de force, et ils se brisent en mille morceaux. Ce moment habituellement si doux et si agréable de la toilette matinale devient un enfer. Chaque jour, je livre un combat avec mon propre corps, un corps que je ne reconnais plus, qui n’obéit qu’à la maladie et me fait terriblement mal