Garder mon cap
Au beau milieu de l’hiver, alors que je suis en chimiothérapie et à bout de force, j’apprends la nouvelle.
Comme tous les matins, j’arrive à l’usine, impatiente de travailler malgré les douleurs constantes et les nausées habituelles. Je me fais un devoir d’entrer dans mes locaux la tête haute et le sourire aux lèvres.
De laisser la maladie aux portes de cette entreprise qui me maintient en vie et me rappelle qui je suis: une dirigeante et une femme de terrain.
Si j’ai réussi à me lever de mon lit, c’est que la journée va être bonne. Retrouver l’effervescence humaine, être au cœur de ce que je sais faire de mieux –manager–, me remplit de joie.
Ce besoin de travailler, d’être utile à quelque chose, je ne l’ai jamais autant ressenti avant.
Le cancer, s’il vide mon corps de toutes ses forces, me conduit aussi à en chercher de nouvelles, insoupçonnées. Certaines journées ont beau être difficiles, je m’attelle à la tâche avec un enthousiasme intact, certaine d’être à ma place, heureuse d’accomplir quelque chose et de combattre le poids du temps.
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