COMBATTANTE – SUIVRE MON INTUITION
Je me souviens très bien du jour où j’ai donné ma démission chez AMGEN. Je quittais un très beau poste, des bureaux somptueux à Neuilly, des conditions de travail et de rémunération idéales, des voyages d’affaires à l’autre bout du monde.
J’annonce la nouvelle en respectant la hiérarchie. Mon patron et mes collègues sont stupéfaits. Certains réalisent que je fais ce qu’ils ont toujours voulu faire: se lancer dans un projet personnel, suivre ses aspirations, prendre des risques pour soi, avant qu’il ne soit trop tard. Certains pensent que j’ouvre une boutique, une franchise à Rouen, mais j’annonce que j’ai acheté deux usines de 20000 mètres carrés et que je vais faire de la cosmétique. Les yeux s’ouvrent grand, les réactions sont confuses. On ne me croyait pas capable de ça.
Pour répondre aux curieux qui me demandaient pourquoi je risquais tout, je me souviens avoir prononcé cette phrase: «Certains disent qu’il vaut mieux changer ses rêves que l’ordre du monde, moi j’ai décidé de changer l’ordre de mon monde.»
Il était là, mon combat: bousculer mon monde, le façonner pour que je m’y sente bien. Que les autres ne le comprennent pas ne m’empêche pas d’avancer.
Il y a bien eu ces paroles de ma grand-mère qui m’ont touchée. Jamais je ne les oublierai. «Ma pe-tite-fille est folle! On ne quitte pas un emploi comme celui-ci pour acheter des usines en perdition!» Elle n’est plus de ce monde, elle n’aura donc jamais vu où j’en suis aujourd’hui. Mais, en entendant ces mots, je me souviens avoir tremblé.
Le jour même, je rendais les clefs de ma voiture de fonction, une magnifique Jaguar qui symbolisait en quelque sorte ma réussite, et me retrouvais à la gare Saint-Lazare, au milieu d’une foule pressée, à attendre mon train.
À cet instant, un doute m’a traversée. Et si mamie avait raison? N’était-ce pas inconscient de tout plaquer, de repartir de zéro, de jouer ma vie au poker?