Combattante – la chirurgie

AUTOMNE 2013

À 14 heures, je rentre en clinique.
On me prépare pour l’intervention qui doit avoir lieu le lendemain matin : on me pose un hameçon dans le sein à opérer. C’est une sorte de longue aiguille, un fil métallique très fin, qu’on introduit jusqu’à la tumeur et qui va servir de guide pour l’atteindre et l’enlever. Ce n’est pas douloureux, mais c’est désagréable car je dois dormir avec.

Puis mon chirurgien arrive. Il veut prendre des repères sur mon corps, au feutre, afin de réaliser le travail le plus joli possible. Je me lève de mon lit, j’enlève ma blouse et me dirige près de la fenêtre pour qu’il puisse avoir davantage de lumière.

C’est une belle soirée, le ciel est clair. Je peux presque apercevoir ma maison, au loin, aux confins de cette ville qui a l’air si paisible tout à coup. La pensée de mon foyer, des moments passés avec Bruno et les enfants me réconforte et me fait oublier les traits qui se dessinent sur ma peau.

À chacune des marques que le chirurgien laisse sur mon corps, j’imagine un coup de scalpel, je crains qu’il ne m’enlève une part de moi, une part qui disparaîtra pour toujours. Je tourne la tête vers lui, j’essaie de croiser son regard. Comme à chaque fois, ses yeux m’échappent. Il est concentré, ne dit rien, comme habité par sa tâche. Je sais qu’il fera de son mieux, je connais sa réputation. Dans le milieu, il est considéré comme un expert et un artiste. Cette opération sera-t‑elle un succès ?