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Le blog d'Isabelle

Cancer : l’hérédité et les facteurs génétiques

De nombreux cancers s’inscrivent dans une histoire familiale, au sein de familles ayant été touchées à plusieurs reprises par la maladie. 

Dans la majorité des cas, c’est le fruit du hasard ou d’une association de facteurs communs (environnement, mode de vie  similaire…) 

Mais, pour 5 à 10% d’entre eux, les cancers sont  liés à une prédisposition génétique, soit 20 000 nouveaux cas chaque année. Les cancers les plus fréquents sont le cancer du sein, de l’ovaire et les cancers digestifs.

Si vous avez un cancer, ou que certains membres de votre famille ont été touchés, vous vous posez  peut-être la question des facteurs génétiques et héréditaires. 

Quels sont les risques de développer un cancer ? Quels sont les risques de le transmettre aux enfants ? Dans quel cas et comment consulter un spécialiste en oncogénétique?  

J’espère à travers cet  article vous apporter quelques éléments de réponses. 

La mutation génétique 

La prédisposition génétique

Les gènes signalent à chacune de nos cellules comment fonctionner et comment se réparer. Ils se trouvent situés sur les chromosomes. 

Chaque chromosome est constitué d’une double hélice d’ADN organisée selon une séquence très précise, c’est le « code génétique ». 

En cas d’altération de l’ADN ou d’anomalie dans cette séquence génétique, cela peut conduire à une mutation génétique et à un  dysfonctionnement du gène. 

La plupart de nos cellules se divisent en permanence pour remplacer celles qui meurent. C’est ainsi qu’elles se reproduisent. Ce processus est “surveillé” par des gènes spécialisés : Les « gènes de réparation de l’ADN » et les « gènes suppresseurs de tumeur  ». Ils  sont essentiels au fonctionnement du corps humain et permettent, entre autres, d’empêcher la division des cellules anormales et de réparer le dommage à l’ADN des cellules. 

Lorsqu’ils dysfonctionnent,  ces gènes  n’arrivent plus à contrôler la division des cellules anormales, qui  se multiplient et constituent alors le point de départ d’un cancer.

En présence d’un gène défectueux, porteur d’une mutation, il y a moins « d’étapes » pour qu’un cancer se développe et donc plus de risques que d’autres personnes de le développer.

Il ne s’agit pas d’une altération génétique survenue pendant la vie, la mutation est présente dès la naissance dans toutes les cellules de l’organisme et peut se transmettre d’une génération à l’autre.

Les personnes de la famille qui n’ont pas la mutation génétique, ne présentent pas de risque accru de développer un cancer.

Comment la mutation  génétique se transmet-elle?

mutation génétique cancerToutes les cellules de notre corps contiennent 23 chromosomes en double exemplaire. Pour chaque paire de chromosome, un exemplaire nous vient de notre mère, l’autre de notre père. Les gènes, localisés sur les chromosomes, existent donc en double exemplaire dans chacune de nos cellules, l’un provenant de notre mère, l’autre de notre père.

C’est au moment de la fécondation que les chromosomes provenant de la mère et du père se retrouvent pour former les 23 paires de chromosomes qui seront ensuite reproduites à l’identique dans chaque cellule de notre organisme.

On dit que cette transmission est «autosomique dominante» (le gène s’exprime dès lors qu’il est présent dans la paire de chromosomes, même si le 2e exemplaire ne porte aucune mutation).

L’homme ou la femme porteur d’une mutation est donc également porteur du gène non altéré sur le 2e chromosome. La fécondation peut donc se dérouler soit avec un gamète porteur du gène normal (avec une probabilité de 50 %) soit avec un gène muté (avec la même probabilité de 50%).
La répartition se fait totalement au hasard au moment de la formation des gamètes.
La probabilité de transmission de la mutation à chaque enfant est donc de 50%. Le risque de transmission à chaque enfant est le même, que vous soyez un homme ou une femme.

Si c’est le gène normal qui a été transmis, l’enfant n’a pas reçu le gène porteur de la mutation, il ne présente donc pas de risque plus important de développer un cancer et il ne transmettra pas la mutation à ses propres enfants.

Les BRCA et les autres

Il existe un large éventail de gènes identifiés en oncogénétique. Les deux gènes dont les mutations prédisposent aux cancers féminins sont les gènes BRCA1 et BRCA2  (Breast Cancer), découverts respectivement en 1994 et 1995. BRCA1 se situe sur le chromosome 17 et BRCA2 sur le chromosome 13.

Lorsqu’ils fonctionnent normalement, BRCA1 et BRCA2 sont des gènes réparateurs. Ils ont pour rôle de réparer ou supprimer une cellule qui dysfonctionne ou se multiplie de façon anarchique. Les mutations délétères de BRCA1 ou BRCA2 les rendent inefficaces dans ces rôles, ce qui prédispose la personne porteuse à un développement des cancers du sein et de l’ovaire.

Les hommes porteurs d’une mutation BRCA ont également  des risques accrus de cancer du sein et, surtout, de cancer de la prostate.

D’autres mutations génétiques prédisposent aux cancers du sein et de l’ovaire. 

Par exemple, lorsqu’elles concernent les gènes BRIP1, FGFR2, TNRC9, MAP3K1, LSP1, CHEK2, PALB2, HCP ou encore RECQL. Le risque évalué est moindre que pour les mutations BRCA, mais ces anomalies sont plus répandues dans la population.

Le dépistage

 

Évaluer le risque avec le test Geneticancer

Geneticancer est une  association dédiée à la lutte contre les cancers génétiques et /ou d’origine héréditaire. Laetitia Mendes  ), porteuse d’une mutation BRCA2, a décidé de fonder GENETICANCER quand elle a compris que rien ne répondait au besoin de partage d’expérience des « mutant(e)s ».

Ces personnes qui, comme elles, sont génétiquement prédisposées à un cancer, et qui un jour pourront être confrontées à une chirurgie préventive.

Geneticancer a pour objectif de soutenir, d’accompagner, d’éduquer, d’informer, de  communiquer et de participer au financement de la recherche sur les cancers génétiques et/ou d’origine héréditaire.

L’association  a mis en place un questionnaire simple et rapide pour vous aider à parler de votre risque de développer un cancer du sein ou des ovaires avec votre médecin.

Cet outil d’évaluation se veut indicatif uniquement. Il ne remplace en rien les conseils d’un(e) spécialiste. D’ailleurs,  dans certaines circonstances, l’utilisation de cet outil n’est pas recommandée. Assurez-vous donc avant de débuter, que ce questionnaire est adapté à votre situation.

La consultation oncogénétique

-Pour qui?

Une consultation d’oncogénétique peut être proposée à une personne atteinte de cancer ainsi qu’à ses proches, en fonction du type de cancer dont elle est atteinte et de son histoire personnelle et familiale. (lien  site e cancer)

La consultation d’oncogénétique s’adresse en priorité à la personne qui a développé un cancer et présente des signes cliniques évocateurs d’une prédisposition génétique : nombreux cas de cancers dans la famille, développement d’un cancer à un âge précoce ou de plusieurs cancers successivement ou simultanément. Cette personne est appelée « cas index ».

Ensuite, la consultation peut être proposée à une personne qui a été informée d’une altération génétique prédisposant aux cancers chez un membre de sa famille et qui souhaite en discuter avec l’équipe d’oncogénétique. Le test alors proposé à ces apparentés consiste à déterminer s’ils sont porteurs ou non de ce même facteur de prédisposition au cancer. On parle de test ciblé.

Il est souvent difficile de recevoir le diagnostic d’une mutation génétique délétère. Si vous en éprouvez le besoin, votre démarche peut être accompagnée par un psychologue ou un psychiatre habitué à travailler en oncologie.  

-Comment?

Le diagnostic des prédispositions génétiques à certaines formes de cancers est mis en œuvre dans le cadre du dispositif national d’oncogénétique, qui comprend des sites de consultation et des laboratoires. 

Actuellement en France, il existe 125 sites de consultation oncogénétique, répartis dans 90 villes. Ils sont accessibles autant aux personnes ayant déclaré un cancer qu’à leurs apparentés. 25 laboratoires sont habilités à réaliser les analyses prescrites en oncogénétique.

L’ annuaire des consultations est ici.

Deux modalités existent pour rechercher une altération génétique :

-soit à partir des cellules sanguines ou buccales, prélevées par une prise de sang ou un prélèvement buccal le plus souvent. 

-soit à partir d’un fragment de la tumeur. 

Les échantillons prélevés sont ensuite envoyés à un laboratoire spécialisé, qui réalise une extraction de l’ADN puis son « séquençage », c’est-à-dire un décodage des gènes et des informations qu’ils renferment.

Les données produites sont analysées par des appareils très performants, combinés à l’expertise de biologistes généticiens et de généticiens cliniciens.

Ces analyses génétiques sont longues et peuvent nécessiter plusieurs mois.

Un suivi médical adapté

Les personnes porteuses d’une mutation bénéficient  tout au long de leur vie, d’un suivi pluridisciplinaire et personnalisé.

Des programmes de suivi en oncogénétique ont été mis en place par l’Institut national du cancer pour partie en 2009 (expériences pilotes) puis en 2012 (déploiement national).

Ils doivent mener quatre missions principales :

-mettre en place un suivi individualisé des personnes prédisposées héréditairement au cancer 

-coordonner ce suivi sur le plan régional, voire interrégional ;

-assurer l’accès aux compétences multidisciplinaires, soit en interne, au sein des établissements associés au programme, soit à l’extérieur , soit de façon alternée interne/externe , selon le souhait de la personne ou selon la logique d’organisation régionale 

-assurer une activité de recours et d’expertise pour les cas difficiles.

Prévenir les risques

Le suivi médical rapproché (suivi mammaire et en imagerie) proposé en cas de découverte d’une mutation génétique délétère est lourd. Il permet cependant de repérer des cancers très précocement, ce qui rend le pronostic plus favorable. Le suivi ne diminue cependant pas le risque, il vise uniquement à dépister au plus tôt la maladie. 

Dans certaines circonstances, une chirurgie de réduction des risques peut être proposée.

Les chirurgies de réduction des risques

illustration lil. Sohn pour geneticancer

Illustration de Lili Sohn

-la mastectomie préventive

En fonction de votre risque, calculé de façon personnalisée par votre oncogénéticien(ne), une double mastectomie peut vous être proposée à titre préventif. La mastectomie prophylactique ou « chirurgie mammaire préventive » consiste en une ablation de la glande mammaire alors qu’aucun cancer n’a été diagnostiqué chez vous. Cette décision de chirurgie s’accompagne d’un suivi pluridisciplinaire incluant un suivi psychologique, ainsi qu’un délai de réflexion.

Dans 95% des cas, le mamelon et l’aréole sont conservés (contrairement à une mastectomie sur sein malade).

Le risque de cancer du sein est alors proche de celui de la population générale.

-la chirurgie ovarienne

Le cancer des ovaires est très difficile à dépister. C’est pourquoi, en cas de mutation délétère BRCA1 ou BRCA2, une chirurgie préventive est conseillée

Comme pour la mastectomie prophylactique, cette option vous est proposée en fonction de votre risque personnel, de votre histoire familiale, de vos envies et de vos inquiétudes. La chirurgie ovarienne prophylactique rend la femme définitivement stérile

Il existe plusieurs méthodes :

La salpingo-ovariectomie bilatérale ou annexectomie, qui consiste à retirer les trompes et les ovaires : il s’agit de la méthode la plus couramment utilisée et actuellement recommandée.

La salpingotomie, qui consiste à ne retirer que les trompes et leurs pavillons (là où naissent les ovaires). Cette méthode, étudiée mais non encore éprouvée en France. 

La  chimioprévention

La recherche médicale se penche sur des techniques de prévention médicamenteuses, plutôt que chirurgicales. Des études ont porté sur le Tamoxifène, utilisé habituellement en hormonothérapie des cancers du sein. D’autres sont en cours. Et des projets verront forcément le jour, au rythme des progrès des connaissances sur les cancers d’origine génétique. 

POUR CONCLURE

Nombreuses sont les femmes qui ont fait le choix d’une chirurgie de réduction des  risques pour ne pas vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Un choix difficile et souvent douloureux qui transforme le corps de façon lourde et irréversible.

J’espère sincèrement que les avancées de la médecine  permettront un jour aux femmes porteuses d’une mutation délétère de vivre sereinement sans avoir recours à cette chirurgie mutilatrice.

Pour plus d’informations, de soutien et de partage autour de la question de l’oncogénetique, je  vous invite à prendre contact avec l’association Geneticancer, à laquelle nous sommes ravies d’avoir  apporter notre soutien. 

Pour accompagner les femmes porteuses d’une mutation génétique et leur apporter une bulle de douceur dans leur parcours de chirurgie, nous avons souhaité faire appel à des partenaires engagés, afin de leur offrir  une “box sans gène” avec des produits adaptés.”  Chistine – Ambassadrice Geneticancer Auvergne Rhône Alpes

Pour trouvez une ambassadrice proche de chez vous, cliquez sur ce lien :

https://geneticancer.org/nos-ambassadrices/

 

 

 

 

Isabelle Guyomarch
Isabelle Guyomarch
Isabelle Guyomarch est une professionnelle passionnée et aguerrie dans les univers pharmaceutique et de la cosmétique quand elle est touchée par un cancer du sein en 2013. En 2017, elle crée Ozalys, une marque de dermo-cosmétiques créée par des femmes pour les femmes touchées par le cancer.